« Comme si cela ne suffisait pas que leur mort soit si inhumaine, l’inhumation était également indifférente. »
Selon les autorités ukrainiennes, plus de 440 tombes ont été retrouvées dans cette forêt près d’Izioum, cité de 50 000 habitants avant la guerre, passée sous occupation russe d’avril à début septembre. Le Kremlin dénonce quant à lui « un mensonge ». « Nous allons bien sûr défendre la vérité dans cette affaire », a assuré lundi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Suite à cette macabre découverte, des journalistes de l’Agence France Presse se sont rendus sur place et ont vu des centaines de tombes marquées d’une croix et de numéros ou de noms et de dates, ainsi qu’une fosse commune renfermant 17 corps de soldats ukrainiens, selon les médecins-légistes. Au moins l’un des cadavres avait les mains liées avec une corde.
La police nationale a aussi dit avoir découvert, comme dans d’autres localités reprises récemment, des « salles de torture ».
Selon le site de l’Eglise catholique en Ukraine, le cardinal Konrad Krajewski, envoyé spécial du Pape François, s’est rendu sur les lieux et a découvert ce qui est, selon l’Agence Sir, « l’un des plus grands charniers découverts à ce jour en Ukraine ».
Mgr Pavlo Honcharuk, qui l’accompagne, dénonce une mort et une inhumation inhumaines.
« Aujourd’hui, nous sommes allés sur les lieux des enterrements de masse, à Izyum, où les corps ont été exhumés. L’impression est terriblement difficile. Quand l’équipe fouillait, quand on regardait ces corps, tant bien que mal jetés dans les fosses... un corps sans jambes, le second avec des jambes cassées... Comme si cela ne suffisait pas que leur mort soit si inhumaine, l’inhumation était également indifférente. »
Il affirme être allé visiter le poste de police avec le cardinal.
« Nous sommes allés dans ces sous-sols, les endroits où ces personnes étaient détenues - des conditions terribles, froides, humides, sombres, sales, des conditions complètement inhumaines. Alors ce mal et tout ce crime commis sur ces terres ont été révélés - et cela se produit toujours, et nous ne pouvons que nous demander ce qui n’est toujours pas révélé... »
Ces exactions ne sont pas sans rappeler celles commises à Boutcha, en périphérie de Kiev, où avaient été retrouvés après le départ des forces russes fin mars des cadavres de civils froidement exécutés dans les rues.
Moscou nie avoir commis ces crimes, évoquant une « falsification » ukrainienne.
La présidence tchèque de l’UE a appelé samedi à la création d’un tribunal international spécial pour Izioum et l’ONU a dit vouloir envoyer « sous peu » une équipe.
M.C. (avec AFP)